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III

Ici quelques mots s’imposent à propos de l’union des peuples pour la libération de la patrie pour lever quelques obscurités et séquelles de division semés par l’histoire et entretenus par les ennemis des peuples, notamment les colonialistes. Cette union doit se faire contre l’ennemi, les colonialistes et néocolonialistes qui ont semé notre histoire de contrevérités qui font agir encore aujourd’hui des hommes dans le dessein de division des peuples pour le maintien de la domination impérialiste..

La première de ces questions est celle de la soi-disant trahison de Goutchili devenu Agoli-Agbo vis-à-vis de son frère Roi déchu Gbêhanzin et qui entretient encore des rancœurs et rancunes à certains niveaux de notre pays. En fouillant bien et en écoutant l’histoire vraie venant des milieux bien informés de la cour royale, rien de tel n’a été. Une fois, Gbêhanzin déporté, il faut bien un Roi pour maintenir encore debout ce qui reste du royaume. Et c’est sur décision de la famille royale composée des Dignitaires et Princes du royaume que Goutchili a pris les rênes du pouvoir. A supposer que Goutchili ait refusé, les colonialistes français auraient désigné un autre. Cette démarche ne présente rien qui fasse voir la trahison par alliance avec les colonialistes français. La preuve c’est que quelques années plus tard le roi Agoli-Agbo lui-même a été victime de la colère des colonialistes et déporté à son tour.

La deuxième est celle la soi-disant trahison du roi Toffa qui s’est allié aux Français (dans un traité de protectorat) contre Agbomê. Un colloque qui s’est tenu à Porto-Novo cette année, a essayé de situer les choses. Ce que je veux dire par là et cela pour l’intérêt de l’union des peuples pour le combat émancipateur, c’est qu’on ne peut parler de trahison que par rapport à son propre peuple. Et son peuple c’est celui de son royaume, celui de Hogbonou (Porto-Novo). Il n’existait pas encore d’Etat du Dahomey ou du Bénin actuel. On ne peut juger un événement que dans son contexte. Le problème essentiel pour un souverain c’est la défense des intérêts supérieurs de son peuple et de son territoire contre les invasions extérieures d’où qu’elles viennent. Le roi Toffa entendait défendre l’intégrité de son territoire contre un puissant Voisin, le royaume d’Agbomê. En se mettant sous le protectorat français, il n’entendait pas perdre la souveraineté de son territoire. Il s’est fait par la suite que cette indépendance n’a pu être sauvegardée. Mais, là c’est une autre question. Car une chose est la volonté de sauvegarder son indépendance ainsi que les voies recherchées pour atteindre cet objectif ; une autre est d’atteindre effectivement cet objectif. Le contexte de l’époque ne permettait d’ailleurs à aucun souverain de la région d’atteindre cet objectif : la sauvegarde de son indépendance, face à la vague déferlante et expansionniste colonialiste.

La troisième est la considération à avoir par rapport à Adandozan. Pascal Fantodji et avec lui l’INIREF a à maintes reprises situé ce personnage comme un grand Patriote qui s’est opposé aux velléités dominatrices des Européens représentés par l’esclavagiste Chacha de Souza, et l’a considéré comme un des repères historiques en même temps que Kpohizoun et d’autres pour les royaumes de l’aire Tado. Voici ce que Akinjogbin dit à son sujet : « Il demandait aux Portugais de lui envoyer non pas seulement des bateaux remplis d’armes et de munitions, mais des hommes sachant fabriquer des armes et des poudres pour l’installation des manufactures d’armes dans son royaume. En plus il affirmait disposer des minerais d’or dans son royaume pouvant permettre aux Portugais une exploitation, s’ils y envoyaient des techniciens compétents. Comme son Prédécesseur immédiat, la mission connut un échec. Le Secrétaire d’Etat Portugais décida que du fait de la diminution progressive de l’approvisionnement des esclaves au Dahomey, aucune relation d’amitié ne doit être encouragée avec Adandozan. .. » Et si on ajoute sa position selon laquelle il écrit « au Roi du Portugal qu’il avait sa propre religion et son propre Dieu qui était Lègba et par conséquent lui interdisait l’envoi des prêtres missionnaires pour tenter de le convertir » au christianisme, on comprend la conclusion tirée par l’historien nigérian et que je cite : « Le moins que l’on puisse savoir de la personnalité d’Adandozan est qu’il était un jeune Monarque imaginatif et progressif, très en avance sur son époque » (Op. cit. pp.189 et 200).

La quatrième est celle de l’existence de deux rois, voire même de trois rois pour un même trône. Ce phénomène est né sous l’action maléfique de l’autocrate Kérékou qui à un moment donné en a fait une pratique générale dans le pays. C’est ainsi qu’il a créé le roi Houédogni Béhanzin contre Agoli-Agbo à Agbomê. Il en est ainsi aussi à Porto-Novo etc. Le gouvernement de YAYI Boni poursuit dans cette voie de division des peuples. Actuellement la non intronisation du Roi désigné sur le trône de Parakou est due à l’action des autorités gouvernementales. De la sorte nous avons des rois fantoches créés de toutes pièces par des hauts bourgeois apatrides et ne jouissant d’aucune légitimité.

Le Parti Communiste du Bénin s’est toujours élevé contre ces pratiques qui divisent les peuples. Il a joué un rôle de conseil dans le dénouement de cette question sur le trône d’Agbomê et l’éviction du roi fantoche. Il a toujours combattu et combat l’intrusion des pouvoirs publics dans les affaires intérieures des chefferies traditionnelles et a même érigé cette attitude en principe à valeur constitutionnelle : laisser les chefferies traditionnelles régler leurs problèmes internes selon leurs propres réglementations.

Ainsi Thèse constitutionnelle VIII : « Les Institutions d’Etat n’ont pas le droit d’intervenir dans les questions d’organisation :

- des royaumes,

- des collectivités familiales,

- des collectivités religieuses,

- des confréries.

Tous ces groupements se dotent de règlements intérieurs qu’ils amendent selon leurs volontés respectives propres et au moment où ils le désirent. La justice ne peut intervenir qu’à titre de conseil pour la réconciliation ou les scissions éventuelles et non sous un rapport pénal d’aucune sorte… ».

Les travailleurs et les peuples sont en combats pour l’émancipation du pays, indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse. Cela est beau, très beau même.

Le développement de la question religieuse, notamment sous l’angle historique, n’occulte pas ce fait que bon nombre de citoyens béninois fidèles de ces religions importées se sont battus et se battent vaillamment pour la réhabilitation de nos valeurs culturelles, linguistiques, pour les libertés religieuses et donc pour l’émancipation de nos peuples. Comme on le voit les religions importées depuis plus de deux siècles font partie du patrimoine culturel et cultuel de notre pays. Le Parti Communiste du Bénin s’est toujours battu pour la défense des libertés religieuses. Il a défendu par exemple les Témoins de Jéhovah ainsi que les Christianistes célestes en butte au régime autocratique de Kérékou-PRPB dans les années 1980 comme il a combattu ce même régime dans sa fameuse lutte « anti-sorcière » au Bénin. Le Gouvernement de Salut National respectera toutes les confessions religieuses sans exclusive et voudra que n’existe aucun ostracisme à l’encontre d’aucune religion.

Le Gouvernement de Salut National respectera toutes les confessions religieuses sans exclusive et leur demande de ne pratiquer aucun ostracisme à l’encontre d’aucune autre. Ce qui est à proscrire c’est cette agression qu’on observe des religions importées (fortes de soutiens occultes des milieux impérialistes) contre les religions endogènes. Et cela dans les prêches publics. Cette pratique est intolérable et doit être combattue avec la plus grande énergie. Je leur dis arrêtez cela ! Chez nous, nous ne voulons pas de guerre de religion.

Dignitaires probes ! Votre tâche est importante dans la mise en place de ce Gouvernement de Salut National en tant que principales victimes de la colonisation. Majestés ! Respectés Dignitaires de mon pays ! Levez-vous pour récupérer vos pouvoirs et attributions que depuis 1894 le colonisateur français vous a arrachés ». La question du pouvoir vous est habituelle et vous en avez le savoir-faire.

Levez-vous pour laver l’humiliation historique subie par nos illustres ancêtres, Gbêhanzin, Kpoyizoun, Toffa, Bio Guéra, Kaba etc. et que continuent de perpétuer au profit du colonisateur d’hier, des Fils indignes de ce pays.

Alors en avant pour le Gouvernement de Salut National pour un Bénin émancipé !

Cotonou le 11 septembre 2010,

Le Premier Secrétaire du parti Communiste du Bénin

Philippe NOUDJENOUME

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