La Côte d’Ivoire vient d’achever ses élections présidentielles, les élections les plus chères du monde et la CEI (Commission Electorale Indépendante) le jeudi 2 décembre 2010 a déclaré Laurent GBAGBO battu. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel, chargé par la Constitution en vigueur de proclamer les résultats définitifs, invalide la CEI en ce qu’il a publié les résultats provisoires plus de 72 h après et après avoir annulé les votes dans 7 départements surtout du nord et du centre, proclame GBAGBO vainqueur. L’ONU-CI et à sa suite les puissances occidentales rejettent les résultats du Conseil Constitutionnel et disent ne reconnaître que les résultats de la CEI avec OUATTARA comme le seul élu légal au nom du droit « de certification » des élections en Côte-d’Ivoire à elle conféré par les accords de Ouagadougou. Chaque protagoniste s’accroche aux résultats qui le proclament vainqueur. Résultat : un pays, deux présidents avec le risque à nouveau d’une guerre civile.
Tous les Béninois se sont intéressés à ces élections et à leur résultat comme s’il s’agissait d’élire le Président du Bénin. Les Béninois se sont passionnés pour ces élections et ont applaudi (presque) la défaite de GBAGBO, parce que pour eux GBAGBO comme tyran du peuple est l’homologue du tyran béninois, Boni YAYI et la défaite du premier préfigure celle du second ; parce que le peuple sait que tout comme GBAGBO, YAYI s’accroche et s’accrochera bec et ongles au pouvoir et ils souhaitent vivement une fin pareille à YAYI. C’est bien et c’est juste, sauf que les deux cas sont différents.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement français et les autres puissances occidentales ont fait le choix de OUATTARA pendant comme après la guerre civile et le soutiennent ; au Bénin, Boni YAYI est jusqu’à nouvel ordre le choix de l’impérialisme français appuyé par l’Union Européenne et le PNUD. En Côte-d’Ivoire, la CEI a le droit de donner des résultats provisoires. Au Bénin, la CENA, l’homologue de la CEI, non. La CENA ici n’a pour rôle que de collecter et de compiler les résultats qu’elle transmet à la Cour Constitutionnelle qui publie les résultats provisoires en s’autorisant des annulations de vote, reçoit les réclamations et proclame les résultats définitifs. Ici, la Cour Constitutionnelle est dans les mains de DOSSOU Robert et de HOLO Théodore, agents de l’impérialisme français, soutien de Boni YAYI.
Un ancien Président du Bénin, KEREKOU, qui sait bien de quoi il parlait a pu dire que le Président du Bénin ne se choisit pas au Bénin mais à Paris. Et cela est vrai dans le contexte actuel africain où les élections se font à coup de corruption, d’achat des votes, de fraudes, d’intimidation et de mensonges ; ce sont toujours les personnes soutenues politiquement, médiatiquement, financièrement et parfois militairement par l’impérialisme dominant (français dans le cas de la Côte d’Ivoire et du Bénin) qui gagnent ou qui sont déclarées vainqueur (cas du Togo, du Gabon et du Burkina-Faso). Et comme il est bien établi qu’au Bénin sous le Renouveau et ailleurs en Afrique, pour les élections, ce n’est pas toujours celui qui, dans l’urne, a eu le plus de voix qui est déclaré vainqueur par les institutions chargées de proclamer les résultats, ces institutions sont utilisées ou ignorées ou mises en concurrence selon les cas afin que le candidat préféré gagne.
Dans le cas de la Côte-d’Ivoire 2010, les Français avaient fait leur choix avant le scrutin et c’était OUATTARA et ils ont mis et mettent tout en œuvre pour qu’il triomphe et accède au palais présidentiel pour servir leurs intérêts. Toute la « communauté internationale » est mobilisée à cette fin et on a même inventé un concept nouveau : la certification du résultat par l’ONUCI qui se place ainsi au-dessus des instances nationales, comme si la Côte-d’Ivoire était sous protectorat. Il est donc en tout cas inadmissible pour tout patriote et démocrate cette ingérence des puissances étrangères en Côte-d’Ivoire qui piétine sa souveraineté, ingérence allant jusqu’à des menaces d’interventions armées.
Quant à GBAGBO, derrière ses discours et airs nationalistes, il a fini de tout brader aux multinationales françaises et autres, n’a plus rien à offrir ; ses manières brutales, tyranniques et de corruption ont fini par lasser nombre de ses partisans de première heure et font de lui un agent usé et moins crédible pour les Français ; il ne peut contenir la rébellion créée par ces mêmes Français et OUATTARA, et il faut que ce dernier prenne les rênes pour éteindre le feu de la guerre allumée par eux-mêmes et stabiliser le pays. GBAGBO est lâché et doit partir.
GBAGBO doit partir mais Alassane OUATTARA est un agent patenté du capital financier international et, à ce titre, est dangereux aussi bien pour le peuple ivoirien que pour l’Afrique. Il ne fera pas moins pire pour la Côte d’Ivoire que YAYI pour le Bénin.
Cotonou, le 7 décembre 2010
Le Parti Communiste du Bénin