3- …. Et à la caractérisation du système politique au Bénin
Un système politique se caractérise d’abord par le mode d’ascension et de renouvellement des organes du pouvoir. Dans la monarchie, l’ascension est réservée à une famille royale et donc sur le droit de sang. Dans une république, c’est le peuple qui détient la souveraineté et si cette république est démocratique, l’ascension se fait par l’acquisition de la majorité des voix. Or, au Bénin, comme l’exprime bien Victor Topanou, malgré le code électoral « le vote s’achète et la fraude électorale est érigée en un élément surdéterminant de la victoire…. En un mot l’impasse démocratique que nous traversons peut se résumer au rôle malsain, qu’à la faveur de notre démocratie, nous faisons jouer à l’argent.». «La Croix du Bénin», dans la parution citée plus haut, écrit dans son éditorial titré « Impasse ! » ce que tout le monde sait : « Elections du chef quartier, du conseiller communal, du député et des membres du bureau de l’Assemblée se font au vu et au su de tout le monde sur fond d’argent ». L’ascension et le renouvellement au pouvoir se font sur la base de l’argent et de la fraude. On n’est plus alors dans le cadre d’une république démocratique, mais dans le cadre d’un régime politique où le pouvoir appartient aux riches. Nous sommes alors dans le cadre d’une ploutocratie. La consécration de l’impunité permet l’édification en quelques années de richesses colossales à ceux qui sont en affaire avec le pouvoir. L’impunité crée des cercles aptes à la fraude, des réseaux de type mafieux. Le système politique au Bénin est une ploutocratie mafieuse. Bien sûr, dans toute république bourgeoise, l’argent joue un rôle, notamment dans l’accès aux infrastructures de propagande, mais pas dans l’achat des électeurs, des élus et des membres des structures d’organisation des élections. Ici et plus généralement en Afrique francophone, il s’est instauré une systématisation de la fraude et des élections truquées. Et le pouvoir d’Etat, une fois conquis, est exercé au profit de ces riches mafieux, où chaque service d’Etat, chaque poste de l’administration, chaque adjudication d’un marché public, etc. est mis sur le marché occulte au plus offrant et le plus riche gagne. La domination impérialiste en fait une république ploutocratique mafieuse bananière où les désirs de l’ancien colon, qui détient également une puissance financière, font lois. Le système mis en place par la Conférence nationale de 1990, par la légalisation de l’impunité dont la fameuse immunité personnelle accordée au chef tortionnaire et pilleur Mathieu Kérékou, a abouti dans les faits à un régime ploutocratique de type mafieux qui consacre cette impunité. Alors, se pose de façon frontale, la question de que faire ?