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1-   De la gouvernance désastreuse de Boni Yayi……

En 2006 après les 10 ans de Kérékou-2 au pouvoir, la situation était presque pareille. Kérékou qui venait de finir ses deux mandats dont le deuxième obtenu dans des conditions rocambolesques après un match amical au deuxième tour en 2001 dont tout le monde se souvient avec Bruno Amoussou, ne voulait pas lâcher le pouvoir. Pour cela, son ministre des finances, Antoine Sèhlin, déclarait qu’il n’y avait pas d’argent pour organiser les élections. Pour terroriser et faire pression sur le peuple, Kérékou a fait revenir le tortionnaire Martin Azonhiho comme ministre de la défense ; et tout ceci après avoir vainement tenté de modifier la Constitution. La mobilisation populaire a fait échouer les prétentions de Kérékou. Le peuple était prêt à jeter son dévolu sur n’importe qui, pourvu que Kérékou s’en aille. Voyant que ses chances de rester au pouvoir ne pouvaient prospérer, Kérékou refila en sous-main, en accord avec l’impérialisme français qui l’avait déjà adoubé, Yayi Boni au peuple qui croyait avoir trouvé celui qui allait le délivrer des maux dont il souffrait. Après le changement, puis la refondation, Yayi Boni est en train de finir ses 10 ans exactement comme Kérékou sinon pire avec un pays sens dessus sens dessous.

Le pouvoir qui est venu en criant que «ça doit changer, ça peut changer et ça va changer» s’est révélé le continuateur jusqu’à la fin de tous les forfaits du Renouveau démocratique : attaques constantes contre les libertés, crimes de sang, pillage des ressources publiques et des citoyens, braderie du patrimoine public, fraudes, tripatouillages électoraux.

Boni Yayi et son équipe se sont mis, dès leur installation en 2006, à la tâche de piller systématiquement le pays et ses ressources. Il commença par rejeter la revendication de la publication des audits du pouvoir de Kérékou, impunité oblige. La voie était libre pour la cascade sans fin des scandales les uns plus scabreux que les autres : Icc-service, CEN-SAD, machines agricoles, centrale électrique de Maria-gléta, avions et hélicoptères présidentiels, siège du parlement, Pvi, Sodéco, Lépi truquée, Fonds Fadec, Ppea2, etc. Les entreprises publiques sont systématiquement pillées, détruites pour être offertes en bradage à des acquéreurs étrangers : Affaire Sbee, Sobemap, Bénin-télécom, Port autonome. Les concours d’entrée à la fonction publique sont truqués et ne sont que des placements et des ventes de postes par Boni Yayi et ses acolytes. De même, les attributions des marchés publics, des primes et subventions sont soumises à des ristournes en termes électoraux ou financiers. Les crimes de sang ont accompagné Boni Yayi tout au long de son règne. L’un des auteurs présumés du meurtre du juge Coovi, le sieur Gbadamassi est un des soutiens et chantres les plus zélés de Boni Yayi. Les débuts du procès de l’enlèvement et de la disparition de Pierre Dangnivo, un cadre du ministère des finances, ont révélé l’implication directe du Chef de l’Etat et de sa police politique dans ce crime. De même que l’assassinat de son ex-ministre, dame Bernadette Sohoudji Agbossou apparaît comme un crime d’Etat.

Les attaques contre les libertés ont abouti au retrait du droit de grève aux douaniers qui protestaient contre le Pvi. Des projets de texte anti-grève menacent la jouissance des libertés constitutionnelles. Des manifestations publiques sont interdites de façon arbitraire et réprimées de façon sauvage. Tout le monde a encore en mémoire la répression sanglante de la marche conduite par des responsables syndicaux le 27 décembre 2013. On aura vu des préfets interdire même des réunions en salle, et ces préfets zélés sont promus même à des postes ministériels.

La corruption systématique et sans fard des responsables véreux dans le milieu syndical et associatif réduit les droits de représentation des travailleurs et des citoyens et entretient une faune de responsables traîtres et commerçants au profit du pouvoir. Les chefs religieux de toute confession ainsi que les dignitaires traditionnels sont soumis par la pression financière aux désidératas de Boni Yayi. Son parti, les FCBE, s’est transformé en un parti-Etat qui peut tout se permettre, par qui doit passer la jouissance par le citoyen de tout droit : les libertés et l’accès aux média publics, un marché public, une subvention d’Etat, un emploi public, une promotion administrative.

Ce n’est plus le mérite ni l’effort qui déterminent le succès et la promotion, mais le parrainage ou la rançon.

On nous prédisait la fin ou tout au moins l’atténuation de la fraude et des tripatouillages des élections avec l’élaboration d’une Lépi. On nous en a vanté tous les avantages. Certains sont allés jusqu’à déclarer que la Lépi, un instrument électoral, serait le socle de la démocratie. Yayi a, là encore, eu le génie de montrer tout ce que le pouvoir peut en tirer comme assurance à la réalisation de ses desseins. La Lépi aura informatisé tout simplement la fraude et les tripatouillages. Les listes ainsi que des logiciels de traitement informatique truqués donnent les résultats déjà préprogrammés. Boni Yayi, avec la Lépi, réalisera un hold-up électoral et inaugurera «un coup, KO» qui devient maintenant la règle en Afrique.

Pour accomplir tous ces forfaits, Boni Yayi s’est appuyé sur le fondement du régime du Renouveau : l’impunité consacrée avec l’immunité personnelle octroyée au chef tortionnaire et pilleur Mathieu Kérékou. Il avait connu et compris que si ceux qui hier «avaient bouffé avec la cuillère» n’avaient pas été punis, il est loisible à ceux qui veulent et peuvent «bouffer par la louche» de le faire également sans être inquiétés. Au bilan, le pays est dans le gouffre. Pour tout le peuple, le scénario catastrophe redouté en 1999, celui dit du Waxala est présent. La misère s’est étendue. L’Ecole est en ruine : sans maître du cours primaire à l’université, quatre enseignants sur cinq au secondaire sont des vacataires, des échecs massifs aux examens, (un candidat sur deux échoue au BEPC et deux sur trois échouent au bac) et un chômage endémique à la fin. L’administration est déglinguée. La jeunesse est en déshérence. La probité et le patriotisme, les valeurs cardinales pour relever et reconstruire le pays, en berne.

Devant l’évidence et l’ampleur du désastre, il devenait difficile de ne pas prendre du recul, de ne pas rechercher où nous avions trébuché. La critique du système en place est objectivement mise à l’ordre du jour.

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