Vous êtes ici : Accueil Informations CSTB CSTB : APPEL AU SIT-IN DU JEUDI 16 MARS 2017 A L’ASSEMBLEE NATIONALE
Oui, mais SG, le peuple ne réfléchit pas, et c’est toujours les guides qui réfléchissent et prennent des décisions et le peuple applaudit ?
Dans un pays arriéré comme le nôtre, c’est l’idée que les intellectuels et les politiciens propagent pour se donner le bon droit de tout faire, de manipuler le peuple et surtout la jeunesse. Lorsque les hommes vivant sur une aire géographique donnée se laissent opprimée, manipulée par certaines personnes dites illuminées, oiseaux rares, sans se défendre, vous constatez qu’on peut douter de l’existence du peuple. Mais les hommes politiques quand il s’agit des joutes électorales, ils savent que le peuple existe et réfléchit bien. Allez dans les villages, allez dans nos contrées, si le peuple béninois n’était qu’à 40% instruit dans nos langues, vous pensez que les intellectuels vont les manipuler comme ils veulent ? Oui j’en conviens, il faut certains pour éclairer mais pas pour abêtir.
Nos populations ne sont pas bêtes. Vous voyez, sous l’arbre à palabres dans nos villages avant, c’est le lieu de règlement de tous les problèmes. On prend l’arbre à témoin pour ne dire rien que la vérité. Vous ne serez que sincères. Et même en présence du roi et des personnes âgées, c’est ce qui a été décidé qui s’applique. Donc du coup, c’est ce que les travailleurs ont décidé ensemble qui doit être appliqué par les responsables syndicaux, et non ce que ces derniers pensent. Puisque l’éclairage qu’on peut donner peut être en déphasage avec ce qui se passe comme réalité sur le terrain. Ça, je pense qu’aujourd’hui, il faut que cela se sache que quand on dit que les guides sont éclairés, le guide ne peut pas être éclairé sans le peuple. Mais c’est plutôt le peuple qui, à travers tout ce qu’il dit, peut éclairer le guide. Sinon, le guide, s’il pense qu’il est éclairé, soit il devient dictateur ou il devient un monarque à qui il faut se soumettre. Et je pense que les peuples ont déjà aujourd’hui dépassé ce stade et dictent ce qui doit pouvoir être fait à leur chef.
Est-ce qu’on peut considérer que les dernières grèves ont révélé la force de l’argent ?
Je vais vous dire d’abord ceci. Il faut caractériser d’où on est parti avec cette force de manipulation de l’argent dans notre pays le Bénin.Vous savez pendant la période révolutionnaire, ce n’était pas si visible. A cette époque, vous êtes tous membres du PRPB et de ses organisations de masse. L’avènement du Renouveau et les élections en 90, ont consacré la corruption électorale et on a vu l’argent circuler par les responsables politiques du système du Renouveau. Parce que pour avoir le pouvoir, ils ont compris qu’après avoir pillé et affamé le peuple, il leur fallait jeter des miettes pour avoir leur suffrage. Donc la corruption a commencé au plan électoral en 90 et s’est amplifiée en 2006 et 2011. Le peuple et surtout sa jeunesse a été souillée par certains politiciens et aujourd’hui l’argent dicte sa loi dans tous les secteurs.Du coup, en milieu syndical également, l’argent dicte sa loi et circule. Si quelqu’un vous dit le contraire, il a menti. Au plus, on peut dire que certains résistent de mordre à l’appât, quand d’autres succombent facilement.
Comment ça circule ?
Vous savez, actuellement par exemple, les syndicats communément appelés« syndicats jaunes » sont fabriqués par le pouvoir dans beaucoup de ministères pour contrebalancer les syndicats qu’ils disent gênants ceci à coup d’argent. Lorsqu’au niveau des responsables on veut les attirer, on dit « non toi viens. Ce que tu fais là, rentre dans les rangs et tu auras ton compte sinon tu n’auras rien. » Et vous avez constaté même qu’au sein du parlement et des organisations politiques dans ce pays on a dit « ’moi je ne vais pas passer toute ma carrière dans l’opposition, il faut que j’aille aussi à la mouvance ». Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il faut que moi aussi j’aille prendre une partie du biberon.C’est ça la mentalité de certains leaders de notre peuple. Donc s’il y a des syndicalistes de ce genre, on ne peut pas dire que c’est une chose extraordinaire, surtout qu’ils sont nombreux à n’avoir pas un idéal, un engagement, une conviction syndicale, mais des intérêts personnes.
Est-ce qu’en 2014 vous, vous avez eu votre part du gâteau ?
Moi Laurent Mètongnon je n’ai pas reçu une part de gâteau et les pouvoirs successifs du Renouveau, du changement et de la refondation savent qu’ils ne peuvent me tendre ce piège et n’avoir.L’argent circule dans le monde syndical, ce n’est pas d’aujourd’hui. Qu’il ait circulé lors des derniers mouvements de grève, ce n’est pas moi qui l’ai dit. C’est l’un des responsables des centrales, en l’occurrence celui de la CSA-Bénin, Dieudonné Lokossou, qui a dit que l’argent a circulé. Donc c’est à lui qu’il faut poser la question. Qui a fait circuler l’argent ? Et l’argent est allé où ? Donc je pense que c’est aussi facile que ça. Vous savez, il est souvent difficile de parler de soi-même. L’argent peut circuler, on peut tenter d’en envoyer à Mètongnon Laurent, mais ceux qui le font ou qui y pensent, savent que Laurent Mètongnon de par sa conviction, son idéal, ses principes et les valeurs qu’il défend, ne prendra pas.