A bâtons rompus « Sous l’Arbre à Palabres » avec le Secrétaire général de la Fesyntra-Finances au siège de l’événement précis : Mètongnon fait de grosses révélations sur les scandales et crimes économiques au Bénin
août. 12 Editorial, Newsflash, Sous l'Arbre à Palabres no comments
["UNE" de L’Evénement précis n°1311 du 12 aout 2014]
Laurent Mètongnon, le Secrétaire général de la Fésyntra-Finances est le 82einvité ‘’Sous l’arbre à palabres’’, la rubrique atypique et prisée du journal ‘’L’Evénement Précis’’. Un numéro exceptionnel, croustillant et riche de révélations. Une archive à conserver. Son éternel feutre sur la tête, la soixantaine galante et élégante, l’homme au parcours militant exceptionnel échange avec les journalistes à bâtons rompus sur divers sujets. Regard perçant et scrutateur derrière ses lunettes, il ne rate pas le système Yayi dont il ne retient que « scandales » et « crimes économiques ». Communiste bon teint, militant très actif du PCD, le Parti communiste du Dahomey, il parle du mouvement syndical au Bénin, des tiraillements entres centrales syndicales, notamment.
Les dernières grèves qui ont étalé au grand jour les dissensions entre « camarades » et au cours desquelles « l’argent a circulé » sont évoquées. Sans langue de bois, il en parle. Connu pour avoir donné du fil à retordre au gouvernement au plus fort de l’Affaire Dangnivo, il aura connu la torture et la prison pendant les pires heures du Parti de la révolution populaire du Bénin (PRPB). Ce pan douloureux de son histoire, Laurent Mètongnon le partage avec émotion, mais aussi et surtout avec la fierté de ceux qui ont dédié leur vie à la lutte pour les libertés.
Comment se porte le mouvement syndical en ce moment dans notre pays ?
D’entrée, je dois pouvoir vous dire que le mouvement syndical se porte très bien. Il se porte très bien dans la mesure où les dernières actions syndicales contrairement à ce qu’on peut dire, ont permis une certaine décantation. La décantation vient du fait qu’aujourd’hui, la véritable défense de leurs intérêts et de leurs revendications passent par la prise en charge de leurs mouvements de grève par eux-mêmes à travers les comités départementaux mis en place pour le contrôle de leurs actions et non la prise en charge totale de leurs mouvements de grève par des responsables syndicaux qui bien qu’élus, peuvent se détacher de l’intérêt général, pour leurs intérêts personnels.
Donc du coup, la première leçon est que les comités de lutte qui ont été mis en place dans les départements ont réellement dirigé les mouvements au grand dam des secrétaires généraux qui pensaient que comme jadis lorsqu’ils décrètent et lancent un mouvement, ils peuvent suspendre quand ils veulent et comme ils veulent. Et vous avez pu constater l’évolution du mouvement de Janvier à mars 2014 pour les uns qui pensent que la base n’existe pas, ne peut leur dicter la conduite à tenir ; et avril 2014 pour ceux qui ont continué après avis de la base pour la suspendre après concertations de ces bases. Donc c’est fondamental aujourd’hui comme leçon à tirer que ce sont les combattants qui disent à un moment donné : « nous cessons le feu. » et les chefs se doivent de respecter au risque de se retrouver sans troupe.
Est-ce qu’on peut considérer que c’est un peu à cause des dissensions nées de la grève de Janvier à Avril, qu’entre les centrales, il y a tiraillement ?
En principe il ne devrait pas y avoir de tiraillement. Il y a des revendications et il faut les défendre. Certains peuvent choisir de sacrifier ces intérêts d’ordre général pour des intérêts personnels. Le syndicalisme pour moi, c’est d’abord un idéal, un engagement, une conviction, l’amour du prochain dans la lutte pour son émancipation, l’instauration de la justice, de la répartition équitable suivant les critères établis et connus. Comme vous le voyez, pour moi, c’est un problème de vision du mouvement. Pour ce qui concerne en tout cas la CSTB et la FESYNTRA-Finances, lorsque nous lançons les mouvements, nous laissons la base agir et donner toutes les informations pour la conduite à tenir car les responsables syndicaux n’apportent que l’éclairage. La grève c’est avant tout et après tout l’action et l’affaire des travailleurs.
La base, c’est qui ?
La base, ce sont les responsables des syndicats de base, les travailleurs regroupés dans ces syndicats affiliés ou non.