ADRESSE AUX TRAVAILLEURS, A LA JEUNESSE ET AU PEUPLE

Que Boni YAYI doive être chassé du pouvoir, la grande majorité du peuple le veut. Seul le petit cercle de ceux qui profitent de lui y est farouchement opposé. Mais, l’on doit remarquer également que Boni YAYI n’entend pas du tout laisser le pouvoir et est prêt à y rester par tous les moyens. Selon des journaux, la possibilité de coup d’Etat est maintenant évoquée (Cf. le journal « Le Matinal » du 29 novembre 2010), mais le coup d’Etat n’étant pas une voie populaire ni démocratique, il est à rejeter.



Alors, se pose la question : par quelle voie populaire chasser Boni YAYI? A cette question, deux réponses : la voie électorale ou le soulèvement populaire.

Au sein du Front de Défense de la Démocratie (FDD), la voie électorale est défendue contre le soulèvement populaire notamment par les groupes UN et ABT, en quelque sorte par ceux qui ont participé aux gouvernements passés. Ces partis insinuent que la voie électorale est la seule démocratique, préservatrice de paix et permettant une alternance crédible. Alors, selon eux, le soulèvement populaire ne serait pas démocratique, mettrait un frein à la démocratie, avec des morts inutiles, etc. Examinons ici ces arguments !

A- A PROPOS DE LA VOIE ELECTORALE

1.- La voie électorale n’est pas la seule démocratique.

La voie électorale consiste à ce que les citoyens attendent le jour du vote et aillent mettre un bulletin dans l’urne. Mais, si au lieu d’attendre pour aller voter, les citoyens se lèvent eux-mêmes dans les rues pour faire partir Boni YAYI, en quoi cela serait-il moins démocratique ? Le citoyen lui-même n’est-il pas plus représentatif que son bulletin ? Bien sûr ! Le soulèvement est donc plus démocratique que le vote. D’ailleurs, c’est l’acte fondateur (et confirmateur face à une tyrannie) de la démocratie.

2.- Avec les élections, on n’est pas sûr de faire partir Boni YAYI.

Tout le monde voit que Boni YAYI a accumulé les éléments de fraude : trésor de guerre obtenu par pillage des ressources publiques, confection d’une liste électorale à son profit, des préfets belliqueux à ses ordres, soutien de la Cour Constitutionnelle, seul organe officiel à proclamer les résultats provisoires et définitifs des élections présidentielles. Avec ces atouts, Boni YAYI qui n’a pas accepté la défaite de ses alliés pendant les élections municipales, se proclamera vainqueur. Ses soutiens extérieurs à qui il a bradé les richesses nationales, trameront toutes sortes de complots pour imposer le tyran imposteur au pouvoir.

3.- Avec un pouvoir issu des élections dans les conditions actuelles, le pillage et le bradage des ressources nationales se poursuivront encore plus rageusement.

Une liste électorale fut-elle informatisée "ad’hoc, exhaustive et transparente" n’empêche pas la distribution des sous ni la fraude et les magouilles. Déjà, les tenants des élections, sans programme, déversent des tonnes de sous pour souiller leurs partisans, acheter des voix, corrompre les membres des futurs organes de gestion des élections. Des centaines de milliards de francs CFA seront ainsi distribués pour enfoncer la jeunesse et le peuple davantage dans la déchéance morale et « le goût de l’argent facile ». Mais, après, qui paiera et comment? Ce sera le peuple, et le vainqueur une fois installé aux affaires, cherchera à se rembourser par le pillage et le bradage des ressources nationales.

Voilà pourquoi les tenants de la voie électorale, YAYI et ensuite UN, ABT ne souhaitent ni ne soutiennent le pouvoir aux travailleurs et aux peuples, l’élection et la révocabilité des DG des entreprises et administrations publiques par les travailleurs, pourtant seule mesure nécessaire pour « lutter quotidiennement contre l’arbitraire, l’exercice personnel du pouvoir, le pillage et le bradage des ressources nationales ».

Certains rétorquent qu’on peut aller aux élections et s’organiser pour empêcher la distribution des sous, la fraude. Oui, on le peut et on le doit dans tous les cas. Mais, la mobilisation et l’organisation populaires pour ce faire, si elles sont efficaces localement (bureau de vote, village, arrondissement,) échoueraient aux portes des CED, CENA et Cour Constitutionnelle à moins de se transformer en soulèvement général.

Au total, la voie électorale n’est pas la seule voie démocratique, ne garantit pas le départ de YAYI du pouvoir, maintient dans les conditions actuelles le système de fraude et, ensuite, du pillage du pays.


B.- A PROPOS DU SOULEVEMENT POPULAIRE

1.- Le soulèvement populaire est démocratique et légal.

Toutes les constitutions démocratiques l’autorisent, suivant en cela la Charte Internationale des droits de l’Homme qui en en son article 35 stipule « Quand le Gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.» Or, justement nous avons affaire ici à un gouvernement corrompu qui viole systématiquement les droits du peuple. Contre les travailleurs en grève, il procède aux défalcations ; il recrute des « remplaçants » pour briser les grèves ; il envoie des chars contre des manifestants pacifiques, il occupe militairement le siège des confédérations syndicales ; il procède à des assassinats et des enlèvements de citoyens. Il prépare des élections frauduleuses et belliqueuses. Ce gouvernement doit être chassé par le soulèvement populaire.

2.- Le soulèvement populaire ne met pas un terme à la démocratie, mais la renforce.

Le soulèvement populaire, après avoir procédé au balayage du pouvoir failli et tyrannique, instaure un gouvernement de transition qui convoque une Assemblée Constituante formée d’élus des combattants pour élaborer une nouvelle constitution qui intègre les droits nouveaux acquis de renforcement de la démocratie (langues nationales en tant que langues officielles d’instruction et d’administration ; élection et révocabilité des DG ; Chambre des Dignitaires à côté de la Chambre des Députés pour examiner la conformité des lois avec les traditions positives de notre pays) et organise de nouvelles élections sur cette base. C’est dire que le soulèvement populaire conforte le pouvoir des travailleurs et des peuples. Ici, point de centaines de milliards à dépenser et à rembourser après par le peuple de manière indirecte par le pillage et le bradage des ressources nationales.

3.- Comment organiser le soulèvement populaire ?

Se soulever pour chasser un pouvoir tyrannique et corrompu ressemble à une opération de balayage purificateur de la cité pour en chasser un mal. Chacun balaie sa maison et les ordures sont rassemblées ensuite pour détruire le mal à la racine. Le pouvoir de Boni YAYI est représenté et exercé dans chaque coin du territoire par un directeur, un maire, un chef d’arrondissement, de quartier ou de village. Se soulever contre Boni YAYI commence par le soulèvement contre le maire, le directeur, le chef local qui mène une politique d’arbitraire, d’exercice personnel du pouvoir, de pillage et de bradage des ressources du quartier, de la commune, de l’entreprise ou de l’administration publique. Que chacun et tous attaquent et sapent le pouvoir de Boni YAYI à la base, se mettent donc à exiger des comptes-rendus de la gestion, se soulèvent contre l’arbitraire, destituent leur chef failli et désignent un autre à sa place … et le soulèvement devient général. Ainsi dans la rue, au vu et au su de tout le monde, le peuple aura exprimé son rejet du tyran et sa volonté d’ériger son propre pouvoir ; c’est démocratique et anti-complots.

4.- Mais, il y aura des morts ? ! !

Mais déjà actuellement, la politique de Boni YAYI de non financement du minimum d’équipements des hôpitaux occasionne des morts par dizaines tous les jours. Ne parlons pas des crimes (assassinats, enlèvements d’homme) ordonnés et/ou couverts par le tyran. Et puis, imaginez le sort du peuple si le tyran revenait au pouvoir en 2011!

Le soulèvement populaire est comme une opération chirurgicale. On tranche et on rejette l’organe pourri (ici, le pouvoir de Boni YAYI) qui risque d’entraîner la mort de tout le corps (social). Elle fait mal au départ, mais permet de moins souffrir après et, surtout, permet de repartir, plus sain, à la conquête de l’avenir. Si le peuple se lève et s’organise bien, le soulèvement populaire est la voie la moins douloureuse pour l’émancipation et le développement du pays.

Il est vrai que le tyran démocratiquement chassé par le peuple n’est jamais suffisamment démocrate pour se retirer. La police sera envoyée un jour ici, la gendarmerie le lendemain là, des militaires là-bas, des para-commandos ailleurs contre les insurgés. Avec la détermination populaire, une armée au contact du peuple et de ses luttes légitimes finit par se diviser et une partie adhère à la cause populaire. Les insurgés locaux peuvent alors se rassembler dans un soulèvement général pour abattre le pouvoir central. Telle est et a été l’expérience de tous les pays y compris le nôtre en 1963 et 1989.

5.- Que faire tout de suite ?

En fait, la contestation du pouvoir de Boni YAYI a déjà débouché sur des soulèvements. Ils sont pour l’instant épisodiques, faibles, épars, timides, mais bien réels. On peut les voir dans les dénonciations et démissions de journalistes de l’ORTB contre la caporalisation de la Télévision nationale tenue par le Directeur Stéphane TODOME ; on peut les voir dans le blocage par les ouvriers du démantèlement de la SOBEMAP contre la décision de Boni YAYI, l’arraisonnement du maire voleur d’Adjohoun, la prononciation de la destitution du préfet des Zou-Collines et la désignation par les manifestants de son remplaçant, etc. La reprise des verdicts populaires contre les voleurs à Cotonou, qu’est-ce que c’est, sinon un rejet de l’autorité administrative et judiciaire en place ? Tout cela, disons-nous, est encore faible, timide, diffus, épars, mais la colère populaire qui gronde et le nourrit peut se transformer, faute d’organisation en émeute qui peut rater les véritables cibles et faire du gâchis.

En conclusion, le soulèvement populaire pour chasser du pouvoir Boni YAYI permet et conforte le pouvoir des travailleurs et des peuples, renforce la démocratie pendant que dans la situation actuelle, les élections favorisent le système de pillage et d’asservissement du pays ainsi que le pouvoir des mafieux.

C’est pourquoi, il est important, urgent que de partout, les travailleurs et les jeunes se mettent à organiser le soulèvement populaire. Que chacun dans son secteur balaie le pouvoir pourri de Boni YAYI pour nourrir et participer au soulèvement général afin de restaurer et de renforcer la démocratie !

VIVE LE SOULEVEMENT POPULAIRE GENERAL !

VIVE LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES !

Cotonou, le 11 décembre 2010

Le Parti Communiste du Bénin


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