CHARTE DU FRONT POUR LE SURSAUT PATRIOTIQUE

I- Préambule

1°- Depuis l’indépendance de notre pays en 1960, les obstacles majeurs à son développement et à l’épanouissement de notre peuple sont :
-le pacte colonial et l’inféodation de nos dirigeants à l’ancienne puissance coloniale, la France et l’absence d’amour réel pour la patrie ;
- la mauvaise gouvernance induite par ce pacte colonial avec la tendance pernicieuse d’instauration d’un pouvoir personnel au mépris de la souveraineté du peuple.
- l’impunité des crimes politiques et économiques.
2°-Pendant près de deux décennies, de 1975 à 1990 notamment, notre peuple, face à un pouvoir autocratique, a mené des luttes héroïques au prix de la sueur et du sang de ses fils et filles, et en a triomphé.
3°-La Conférence Nationale tout en constituant un moment fort de l’Histoire de notre pays a consacré les libertés démocratiques si chèrement conquises, mais, n’a pas résolu la question de l’impunité qui est devenue une véritable gangrène pour le développement de notre pays.
4°-Pendant vingt-sept ans, notre peuple s’est toujours opposé à toutes formes de restauration de l’autocratie, a toujours exigé que l’impunité cesse et que soient sanctionnés tous ceux qui ont attenté aux libertés, à la vie des citoyens pour raison politique ou qui ont commis de graves prédations contre les ressources nationales.
5°-Face à la mauvaise gouvernance qui s’est poursuivie ces dix dernières années, avec des scandales, le pouvoir de Patrice Talon s’est présenté comme un espoir pour le peuple béninois meurtri.

 

II- Les Signataires de la présente Charte,

Constatant que le pouvoir dit de la Rupture de Patrice Talon après seulement une année d’exercice s’est illustré par la négativité dans tous les domaines, politique, diplomatique, économique et social :
Au plan politique : Graves remises en cause des libertés fondamentales (restriction des libertés de manifestation avec les tracés de "lignes rouges" à ne pas franchir, interdiction d’organisations d’étudiants et répression de réunion en dehors des campus, fermeture de media non conformistes et dérangeant le pouvoir, et mise au pas de la plupart des organes de presse, interdictions de marches et de sit-in, et autres manifestations publiques ) ;
Au plan diplomatique : Missions personnelles et quasi quotidiennes du Chef de l’Etat en France et particulièrement à l’Elysée pour recevoir des ordres, ceci au mépris de nos voisins stratégiques comme le Nigeria et au détriment parfois d’instances continentales africaines, entraînant en fait notre pays dans un isolement diplomatique visible ; népotisme dans les nominations aux postes diplomatiques ;
Au plan économique : Dénaturalisation du Partenariat public-privé en un Partenariat privé-privé ; Opacité dans la gestion du bien public ; Transformation progressive de tout le patrimoine national en une propriété quasi privée où tous les secteurs productifs sont accaparés par Talon et son groupe ; Privatisations sauvages des entreprises publiques servant à garnir par rachat ou offre publique d’achat (OPA), le portefeuille privé de Talon et Compagnies (SODECO, SDI, DFA (coton), Port sec d’Allada, Benin Control (PVI), main basse sur le domaine de l’Etat..) ; Emprunts obligataires effectués dans l’opacité totale servant en priorité à régler les affaires personnelles de Talon plutôt qu’à payer les privés, créanciers de l’Etat qui attendent toujours... ; Marchés de gré à gré illégaux au profit du Président Talon et de son sérail avec le placement à tous les postes de commande d’éléments de son clan entravant ainsi les investissements des opérateurs économiques nationaux et même internationaux ;
Au plan administratif : Désarticulation de la fonction publique et sa transformation progressive en une Administration d’Entreprise avec des cabinets privés de consultants à ordre ; Débarquement de personnes étrangères, sous prétexte que le Bénin est un "désert de compétences", mise en place d’une véritable légion étrangère qui gère désormais notre administration et payée grassement hors grille aux frais du Trésor public pendant que notre jeunesse est plongée dans le chômage généralisé ; Précarisation accentuée des emplois publics et privés au Bénin ; Clientélisme dans la promotion et nomination des cadres et agents.
Au plan judiciaire : Tentative de soumission des magistrats aux injonctions du Chef de l’Etat, tentative de remise en cause de l’indépendance de la justice ;
Au plan social : Option du "tout privé" et de "l’Etat minimum" ; Multiplication des barrières à l’accès des enfants des pauvres à l’instruction ; Aggravation des conditions d’accès des pauvres à la santé ; Fermeture des entreprises publiques notamment dans le secteur rural avec licenciement et mise à la porte de milliers de travailleurs sans solution de rechange ; surtout destruction massive des moyens de survie des petits producteurs à travers l’opération de déguerpissement (sans aucune mesure d’accompagnement), envoyant de nombreux citoyens (jeunes, pères et mères de famille) à la famine et à la mort certaine ; Véritable politique antisociale et de gangstérisme d’Etat entraînant une grave crise économique et sociale qui frappe aujourd’hui notre pays de plein fouet.

Attendu que pour constitutionnaliser toute cette politique autocratique, d’impunité, d’apatridie et de ruine des populations, le pouvoir de Patrice Talon, lance au forceps son projet de Constitution comptant sur la corruption d’un Parlement vénal, acquis à sa cause par des menaces et des achats de conscience à coup de millions selon les aveux de Maître Adrien Houngbédji de l’existence de "télécommandes non vertueuses", les récentes dénonciations de la Doyenne d’âge et du député Basile Ahossi ;
Vu toutes les protestations contre une réécriture de la Constitution qui établissait une nouvelle Constitution (43 articles modifiés sur 160 et 15 dispositions nouvelles) sans implication du peuple et en dehors de lui ;
Vu la détermination de notre peuple, la levée des démocrates et patriotes dans toutes les couches à l’intérieur comme à l’extérieur du pays et l’importante contribution du Front pour le Sursaut Patriotique qui ont mis en échec un dessein aussi funeste ;
Vu les succès déjà remportés par ce Front - le plus large ayant jamais existé dans notre pays depuis 1960 - et l’accueil enthousiaste qu’il suscite dans le peuple.

Décident

Du maintien et de la poursuite de l’alliance de combat dénommée Front pour le Sursaut Patriotique (FSP) et se donnent la présente Charte devant servir de base à leurs actions.
En vertu de quoi ils s’engagent à :
1°- Se battre ensemble pour la préservation des acquis démocratiques contre toutes atteintes aux libertés fondamentales et toutes velléités de restauration de l’autocratie ;
2°- Se battre pour la préservation du patrimoine national, contre tout accaparement par les dignitaires du pouvoir, toute désarticulation de la Fonction publique avec ses corollaires : privatisations, externalisations, licenciements massifs ;
3°-Lutter activement pour éradiquer l’impunité, se battre pour la transparence dans la gestion du bien public et soutenir les initiatives du contrôle par les travailleurs et les citoyens de cette gestion, œuvrer pour que les criminels politiques et économiques déjà identifiés soient punis, et les victimes réhabilitées et dédommagées ;
4°- Se battre contre le pouvoir autocratique de Patrice Talon pour sa politique d’atteintes graves aux libertés démocratiques, de mafia, d’accaparement du patrimoine national à des fins personnelles, de destruction de la fonction publique, de chômage pour les jeunes, de privatisation de tous les secteurs et de famine pour la population; de protection des criminels politiques et économiques et d’impunité et, enfin pour sa politique d’isolement de notre pays au plan diplomatique.
5°- Œuvrer pour le rassemblement de toutes les forces politiques et sociales pour la tenue des Etats Généraux du Peuple en vue d’un pouvoir patriotique et de probité.
Dans l’immédiat, les Signataires s’engagent à :
- Œuvrer pour la levée des mesures contre les mass médias (Sikka-Tv, E-télé, Le Béninois Libéré, etc.) et l’accès de tous aux organes de service public ;
- Se battre pour l’indemnisation et le relogement des populations déguerpies ;
- Se battre contre la privatisation des universités publiques, des centres de santé publics, pour la revue de la carte universitaire ;
- Œuvrer pour le retour dans le patrimoine de l’Etat de toutes les activités douanières et portuaires et s’opposer par tous les moyens au retour du PVI- Bénin Control de Patrice Talon-Boko Olivier et consorts ; la fin des marchés de gré à gré illégaux au profit du clan présidentiel ;
- Se battre pour le retour des entreprises publiques privatisées dans le domaine de l’Etat notamment agricole (SONAPRA, ONS, ONASA, CAIA, CARDER, etc.) et la restitution du domaine arbitrairement acquis par le Chef de l’Etat ;
- La sanction des auteurs des crimes et scandales ICC-Services, Maria-Gléta, Assemblée Nationale, PPEAII, Machines agricoles, Dangnivo Pierre Urbain, dame Sohoudji Agbossou Bernadette, etc.

Les organisations signataires gardent leur autonomie politique et organisationnelle.
La présente Charte sera complétée par un Règlement intérieur qui précisera les organes de fonctionnement et le mode de financement des activités du Front ainsi que les droits et devoirs des membres.
Fait à Cotonou le 20 avril 2017

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