CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE (CPFG)
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COMMUNIQUE DE PRESSE

ANALYSE CRITIQUE DU PROGRAMME D’ACTIONS DU GOUVERNEMENT TALON
REPONSE AUX JOURNALISTES CONTRADICTEURS

 

Le vendredi 20 janvier 2017, sont parus dans plusieurs journaux de la place des articles contre l’analyse critique du PAG publiée le mercredi 18 janvier par la Convention Patriotique des Forces de Gauche (CPFG). Le journal "l’Indépendant" écrit à ce propos : « La CPFG en déphasage avec la stratégie du gouvernement » ; "le Challenge" : « Critiques absurdes du PAG par la CPFG » ; "Nouvelle Expression" : « Les trois grands péchés de la Convention des forces de gauche » ; "Nord Sud Quotidien" : « La preuve que les Communistes ont fait une mauvaise lecture » ; "Le progrès" : « Le faux procès du CPFG » ; "La Nation" : « les choix pertinents du PAG » ; "La Presse du jour" : « la CPFG recadrée », etc. Si chacun des journaux contradicteurs y est allé sous des titres divers, les points de l’analyse de la CPFG mis en cause ainsi que les arguments jusque dans leurs expressions sont les mêmes. Le lecteur pouvait se perdre en conjecture à propos du commanditaire qui a pu obtenir un tel unisson de griots divers si, contrairement à tous les journaux cités, "La Presse du jour" n’a pas eu l’honnêteté déontologique de dévoiler clairement que le commanditaire n’est autre que la « direction de la communication de la présidence ».

Les points d’analyse mis en cause par la direction de la communication de la présidence, à la lecture des articles contradicteurs commandités sont les suivants : le choix du tout privé et de l’Etat minimum, le caractère non participatif de l’élaboration du PAG et la concentration excessive de sa mise en œuvre aux mains du Chef de l’Etat, l’absence de volonté d’industrialisation, l’augmentation de la pression fiscale sur la population, le maintien du système d’impunité et de gouvernance opaque. Par le présent communiqué, la CPFG qui a toujours espéré et demandé l’intéressement des citoyens à la manière dont ils sont gouvernés se réjouit du débat ouvert autour du Programme d’actions du gouvernement Talon.


1- A propos du choix du tout privé et de l’Etat minimum.
La direction de la communication de la présidence fait « remarquer que la dynamique mondiale est aujourd’hui aux recours aux ressources privées … qu’il s’agit d’un choix de raison et d’efficacité ». Mais cette justification confirme la critique de la CPFG dans la mesure où cette dynamique mondiale (et ce choix) sert, produit et renforce d’un côté une infime minorité de milliardaires et de l’autre côté étend, renforce et aggrave la misère de l’immense majorité des populations. Cela conduit nécessairement à dérouler le tapis des profits aux acteurs du privé. C’est ce choix qui explique que l’on préfère Safran à l’organe d’Etat, l’Insae, pour les recensements des fonctionnaires ; c’est ce choix du tout privé qui explique que l’on sollicite un cabinet privé pour élaborer des fiches de projets, ou d’un cabinet étranger de l’évènementiel pour le lancement du PAG.

2- Le caractère non participatif du processus d’élaboration et de mobilisation autour du PAG
Pour défendre le caractère participatif du processus d’élaboration du PAG, la direction de la communication de la présidence sort l’argument absurde ci-après : « La matrice du PAG, c’est le projet de société du candidat Talon plébiscité par le peuple » (sic). Autrement, parce qu’il est élu par le peuple, son programme d’action, le choix des projets et des voies de financement, tout cela devient ipso facto participatif. Quelle fausseté ! Ensuite la fausseté du fait que le PAG aurait « été entièrement et exclusivement élaboré par des cadres béninois » est apportée par la déclaration suivante de Pascal Iréné Koupaki, secrétaire général de la présidence, s’adressant à l’assistance au lancement du PAG : « Il y a une volonté ferme du Chef de l’Etat…Il y a un total engagement des ministres qui ont durement travaillé avec des hauts fonctionnaires et des experts internationaux (souligné par nous) pour mettre au point tout ce que vous avez entendu » (Cf le journal "La Nation" n° 6638 du 19 décembre 2016). A-t-il fait part des représentants des travailleurs, de la société civile ? Non. Alors, arrêtez donc de mentir au peuple.
En ce qui concerne la concentration du mécanisme de mise en œuvre et de suivi aux mains du Président de la République, sa cellule de communication justifie ce fait en parlant de la « responsabilité directe du chef d’Etat… dans un régime présidentiel ». Mais la critique de la CPFG ne s’adresse pas à la responsabilité du Chef de l’Etat, responsabilité politique et morale pour tous les actes commis par l’administration pendant son exercice. La CPFG dénonce la supervision directe de l’exécution des projets du Programme à hauteur de 78 % du financement du PAG. Dans aucun régime présidentiel, à commencer par le plus vieux celui des Etats-Unis, on ne voit un président de la république se donner la supervision directe de 78 % des financements programmés. Sa responsabilité consiste à désigner des ministres capables de superviser directement et de façon efficace l’exécution de l’essentiel des programmes et projets d’actions. La Constitution érige le Chef de l’Etat comme magistrat suprême, par le PAG, Talon s’érige en Homme d’Affaire suprême. . Les raisonnements de la direction de la communication de la présidence à propos du caractère participatif et de la mise en œuvre du PAG relèvent ainsi tout simplement de l’apologie de la gouvernance autocratique par le président Talon.

3- L’absence de la volonté d’industrialisation
La direction de la communication de la présidence estime que l’absence des projets d’industrialisation est due au fait que « nous n’avons pas aujourd’hui l’énergie à profusion (souligné par nous) ».Un tel raisonnement révèle l’absence totale de volonté d’industrialisation, car un plan d’industrialisation se base sur la quantité d’énergie dont on dispose à chaque moment. Aucun pays au monde n’a attendu d’avoir l’énergie à profusion avant de lancer des projets d’industrie. Cet argument fallacieux est celui du Chef compradore qui trouve ses intérêts dans l’exportation de produits bruts non transformés et l’importation de produits manufacturés étrangers. Ce qui confirme que le PAG est bien un avatar du programme du pacte colonial et ne développera pas le pays.

4- L’augmentation de la pression fiscale sur la population
Abordant l’augmentation de la pression fiscale sur la population consécutive à l’alourdissement de l’encours de la dette, la direction de la communication de la présidence se lance dans des élucubrations sur l’évolution de cet encours sans apporter le moindre élément de démenti sur l’augmentation et la multiplication des impôts et taxes. Or c’est de cela qu’il s’agit. En n’apportant aucun démenti sur l’augmentation de la pression fiscale, les griots du pouvoir confirment que le PAG alourdira les impôts et taxes sur les petites gens, imposera des sacrifices inutiles au peuple, et cela se voit déjà, au profit principalement des hommes au pouvoir, à commencer par le Président homme d’affaires suprême, et des intérêts étrangers.

5- A propos du maintien du système d’impunité et de gouvernance opaque
La direction de la communication de la présidence nie le maintien du système d’impunité par le pouvoir de Talon. A ce propos, elle accuse la CPFG d’avoir « très tôt pris au premier degré », sorti de son contexte et fait ainsi de la déclaration du ministre en charge de l’énergie selon laquelle « le gouvernement a décidé de ne pas regarder dans le rétroviseur », un leitmotiv du gouvernement. La direction de la communication nous dit que cette déclaration ne concernerait que le projet de construction d’une centrale thermique à Maria-gléta et que le « gouvernement prendra ses responsabilités chaque fois que de besoin » en matière de sanction des auteurs des pilleurs de biens publics.
Toute l’agitation du pouvoir et de sa cellule de communication à propos du maintien du système d’impunité ressemble aux gesticulations d’un voleur pris en flagrant délit. La déclaration du ministre en charge de l’énergie a été faite à la séance de lancement du PAG. Le Chef de l’Etat, en Chef d’orchestre, qui relevait sur le champ des déclarations non conformes aux leitmotivs du gouvernement (par exemple sur la culture, la police et la sécurité, la décentralisation) n’a pas relevé cette déclaration. Ensuite, pourquoi ne pas regarder dans le rétroviseur d’un pillage de près de 50 milliards de francs CFA que le peuple devra payer et dont l’actuel ministre de l’intérieur au sein du gouvernement Talon a été l’un des artisans en tant que ministre de l’énergie à l’époque ? Enfin, cette déclaration apparaît comme une opérationnalisation du leitmotiv de ne pas « faire la chasse aux sorcières ». Et c’est la même attitude que l’on observe pour le projet Ppea2 dont l’exécution s’est poursuivie avec les Pays-Bas pendant que des auteurs non parlementaires, bien désignés et connus, liés à des membres de la cour présidentielle, sont libres. La cellule, dans sa défense de l’impunité va jusqu’à écrire que si « des noms de certaines personnalités ont été citées, il est constant que le moindre début de preuve n’a été formulé contre quelque ministre que ce soit ». Mais pourquoi donc le parquet, sous les ordres du ministre de la justice de Talon ne s’autosaisit pas des affaires ? Le scandale des « machines agricoles » a été documenté par le député Yahouédéhou et implique un membre bras droit du Chef de l’Etat. Le pillage des réserves administratives à Cotonou interpelle des ministres du Gouvernement TALON.

En conclusion, la cellule de communication de la présidence dans son agitation s’est montré ce qu’elle est : une cellule de griot au service d’une gouvernance autocratique. Et dans son incurie, ses critiques pour la défense du PAG sont comme des pavés de l’ours qui contribuent à détruire le PAG et rendre plus lumineuses les conclusions de l’analyse de la Convention Patriotique des Forces de Gauche : Le PAG est un avatar de programmes du pacte colonial. Par le PAG, le gouvernement de Talon exploitera le pays, son potentiel et ses travailleurs, à son profit et au profit des financiers étrangers, tout comme le colonisateur l’avait fait. Notre pays, le Bénin, sera exploité mais ne sera pas développé.

Cotonou, le 23 janvier 2017
Pour la CPFG
Jean Kokou ZOUNON

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