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INTERVENTION DU CCDB
à la soirée de la Plate-Forme Panafricaine du 31/01/2015
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Thème : Point des Droits de l'Homme en Afrique
I - Que recouvrent les Droits de l'Homme ?
La Déclaration universelle des droits de l’hommeproclamée en 1948énonce les libertés et droits fondamentaux de tous les êtres humains, notamment le droit à la vie, à la liberté, à la liberté de pensée, de conscience et de religion; au travail, à l’éducation, à l’alimentation et au logement; et le droit de participer aux affaires publiques.
Ces droits peuvent se répartir en trois catégories à savoir : droits individuels des citoyens (droit d'expression, de déplacement, de propriété, liberté de pensée, etc.); droits économiques, sociaux et culturels et droits politiques (droit de vote, droit de réunion, manifestation etc).
Un régime, pour être démocratique, doit respecter trois grands principes : le respect des droits de l'homme, l'instauration d'un Etat de droit, et la séparation des pouvoirs.
Ces droits et concepts sont régulièrement agités et proclamés dans presque tous les pays et se retrouvent pour l’essentiel dans charte africaine des droits de l’homme et des peuples et dans toutes les constitutions. De leur proclamation à leur application et respect par les gouvernants, il y a tout un monde. Ce qui caractérise généralement les dirigeants africains, c’est le non respect des droits de l’homme.
II - Constats généraux
Les foyers de guerre fomentées et entretenues par les puissances impérialistes, notamment des USA, de la France et de la Grande Bretagne sont les principaux théâtres des graves atteintes aux droits de l'Homme. Au Kivu en RDC, au Darfour, en Érythrée, en Somalie , Libye, Tchad, Mali, RCA, Nigeria, on compte des milliers de morts dont des femmes et des enfants, des populations déplacées. Avec un cynisme sans nom, les multinationales occidentales en luttes pour le contrôle des énormes réserves de pétrole et de minerais n'hésitent pas à semer le chaos et la désolation sur le Continent avec la complicité de dirigeants africains.
Parvenus au pouvoir, ces derniers s’y cramponnent, réduisent les opposants au silence s’ils ne les mettent pas en prison, prennent le contrôle de toutes les institutions en y plaçant leurs hommes de main, confondent le bien public avec leur patrimoine personnel. L'Afrique compte encore aujourd'hui plusieurs dizaine de milliers de prisonniers politiques. Érythrée : 10,000 prisonniers politiques : Côte d'Ivoire : 360 Prisonniers politiques croupissent dans la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA) depuis 2011. Le Togo, le Congo de SASSOU, la Guinée Équatoriale de NGUEMA, le Cameroun de Biya etc comptent de nombreux prisonniers politiques dont le nombre exact est difficile à déterminer. Parlant du Cameroun, un diplomate américain écrit dans son rapport 2013: « Les actes de torture et autres abus par les forces de l’ordre, notamment à l’égard des détenus et des prisonniers, le déni d’un procès public équitable et rapide, et les restrictions aux libertés d’assemblée et d’association figurent au nombre des atteintes aux droits humains les plus graves. (…) Les pouvoirs publics ont harcelé et emprisonné des journalistes ; ils ont restreint les libertés d’expression et de presse, et entravé la liberté de mouvement. La corruption est restée présente à tous les niveaux de l'appareil d'État. »
III – Quelques illustrations
Pour illustrer notre propos, nous retiendrons trois droits de l’homme : le droit à l’éducation, le droit à l’insurrection et le droit d’expression.
Le droit à l’éducation
C'est un droit qui permet l'épanouissement de l'être humain et le rend apte à contribuer pleinement à la gestion de la cité. Une des caractéristiques des sociétés africaines est la persistance d'un analphabétisme énorme. 50 à 80% de la population est analphabète. C'est l'échec de l'instruction en langues étrangères qui permet juste de former une élite acquise aux intérêts du colonisateur d'hier. Cette élite, cette minorité s'attribue tous les droits et contribue à l'exploitation de leurs peuples. Tant qu'on ne se décidera pas à développer et promouvoir les langues nationales en Afrique pour en faire des vecteurs du savoir, de l'instruction, d'administration, on continuera de se priver d'un levier fondamental du développement et de préservation des nos valeurs et cultures aujourd'hui méprisées.
Le droit à l’insurrection
Il est bien connu que les dirigeants africains n'organisent jamais d'élections libres, démocratiques et transparentes. Ces élections sont truquées, à coups de corruption, de fraude, d'achat de conscience, de fabrication de listes électorales bidon comme la LEPI au Bénin de YAYI pour faire des Ko électoraux à répétition. Ces dictateurs proclament que les élections sont la seule voie démocratique pour l'alternance au pouvoir. Or l’insurrection a été et demeure l’acte fondateur de toute démocratie. Elle est la forme suprême de lutte légale aux mains du peuple souverain pour rétablir la démocratie mise à mal et en danger. Toutes les constitutions démocratiques la reconnaissent soit formellement, soit à travers le préambule et l’adhésion à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1944. Au Bénin, ce sont les mouvements insurrectionnels, le soulèvement populaire de 1989, notamment du 11 décembre 1989, qui en renversant le pouvoir autocratique et sanguinaire de Kérékou-PRPB, ont constitué l’acte fondateur du régime du Renouveau démocratique. Les peuples de Tunisie , d'Egypte et du Burkina Faso viennent de redonner à l'Insurrection ses lettres de noblesse. Merci à eux.
Le droit d’expression.
C'est le droit de l'homme qui connaît le plus d'entraves tant en Afrique que dans le reste du monde. Aujourd'hui, en France, ne pas se soumettre à une minute de silence obligatoire pour « Charly Hebdo ou déclarer « qu'on n'est pas Charlie » peut être considéré comme un délit. On va jusqu'à déférer au Commissariat, un enfant de 8 ans qui ne comprend encore rien à ces mots. La classe dirigeante surfe sur l'émotion légitime et sincère de la population, expression de la fraternité, de la compassion et de solidarité envers des êtres humains victimes de la folie meurtrière d'intégristes religieux pour se livrer à une opération de diversion destinée à éviter toute réflexion sur leur responsabilité dans les causes profondes du développement du terrorisme. La présence dans la grande manifestation populaire du 11 janvier à Paris de certains politiques ((dont Ali Bongo du Gabon , Yayi Boni du Bénin, Benjamin Nétanyaou et Avigdor Lieberman d’Israël, Ahmed Davutoglu de Turquie, Victor Orban de Hongrie, entre autres) ) est une tache sur l'hommage rendu à la mémoire des victimes. La présence de dirigeants africains dans ce cadre est une honte pour l'Afrique et une injure à la mémoire des milliers de victimes africaines du terrorisme au Nigeria, au KIVU et ailleurs sur le continent africain sans qu'ils s'en émeuvent. Au Bénin comme dans la plupart des pays africains, les médias publics sont transformés en support de propagande et de promotion personnelle des dirigeants et les opposants en sont exclus. Actuellement au Bénin, les démocrates se battent pour défendre et empêcher la répression du journaliste OSIAS SOUMOUVOU de l'ORTB menacé pour avoir interpellé directement à l'écran YAYI BONI à « libérer l'ORTB » au moment même où ce dernier pleurait à chaudes larmes les victimes du terrorisme à Paris.
CONCLUSION :
Au vu de ce qui précède, on peut dire que l'Afrique est surtout malade de mal gouvernance et les démocrates africains sont ici interpellés pour mieux s'organiser afin aider leurs peuples à se prendre en charge pour mettre fin aux chaos actuels pour l’avènement d'un nouveau système de gouvernance, respectueux des droits humains et gage d'un meilleur avenir pour les peuples d'Afrique. C'est à cette tâche que les militants du Comité Culturel pour la Démocratie au Bénin s'attellent au Bénin aux côtés du PARTI COMMUNISTE du BENIN, de la CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE et du FORUM DES TRAVAILLEURS et des PEUPLES pour une NOUVELLE GOUVERNANCE.
Je vous remercie
Paris le 31/01/2015
Honoré LOKOSSA