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du matin N° 6413 novembre 2015 Prix : 50 francs Organe de liaison du Parti Communiste du Bénin Directeur de Publication : Philippe NOUDJENOUME -- Rédacteur en Chef : Jean Kokou ZOUNON |
Editorial : C’est au peuple de se lever
Le procès en cours de l’affaire Dangnivo a déjà révélé, quel que soit le cours ultérieur des choses que le pouvoir de Yayi est impliqué jusqu’au cou dans ce crime d’enlèvement et de disparition de ce cadre du ministère des finances depuis août 2010. Désormais, il est apparu au grand jour que le pays est dirigé par un gouvernement d’assassins. Par ailleurs, la révélation par la presse du voyage des candidats aux prochaines présidentielles à Paris pour une concertation autour du maître impérialiste confirme le fait que les hommes d’affaires candidats ne sont pas politiquement différents des hommes politiques qui ont ruiné le pays. Ils ne sont pas plus aptes à sortir le pays du gouffre. La solution à la situation du Waxala dans laquelle le pays est plongé ne se trouve pas dans les élections, mais dans la levée du peuple pour balayer le système de pillage, de fraude et d’impunité.
La Rédaction
I- PROCES AFFAIRE DANGNIVO : UN GOUVERNEMENT D’ASSASSINS
Le procès en session spéciale de la Cour d’Assises sur l’Affaire de disparition de Dangnivo, commencé le mardi 3 novembre a repris le 10 novembre 2015. Ce procès du scandale de crime crapuleux qui a consisté en l’enlèvement le 17 août 2010, puis la disparition jusqu’à ce jour de ce cadre supérieur au ministère des finances était attendu. Les travailleurs du ministère des Finances, avec à leur tête la Fesyntra-Finances sous la direction de Laurent Mètongnon, le secrétaire général, avaient mené des luttes intenses et d’envergure pendant plus de 10 mois pour que le mystère de la disparition de Dangnivo avec sa voiture soit élucidé. C’était devenu un combat de tout le peuple. Les autorités judiciaires et le pouvoir interpellés, se sont empressés de déclarer que Dangnivo est mort, ont présenté un cadavre, et un meurtrier, le sieur Alofa. Boni Yayi, lui-même déclarera que son pouvoir n’en est pour rien et qu’il s’agit de "problème d’un Adja (Alofa) qui a tué un autre Adja (Dangnivo)".
Mais voilà que le mardi 10 novembre, Alofa déclare à la barre : « cette affaire est une affaire de théâtre ». Il indique qu’il a été arrêté le 16 août 2010 à Godomey pour vol de moto et était donc dans les mains de la police et ne pouvait donc pas être le meurtrier de Dangnivo qui a disparu au soir du 17 août. Le registre de la police de Godomey, la main courante, confirme l’arrestation d’Alofa en date du 16 août 2010. Conclusion : matériellement, Alofa, aux mains de la police le 16 août 2010, ne peut pas avoir commis le meurtre de Dangnivo disparu le 17 août 2010.
Alors d’où vient la pièce de théâtre et qui en sont les auteurs ? Ce sont des éléments du pouvoir qu’Alofa cite nommément, le commissaire Alédji, le ministre de la justice d’alors, Grégoire Akofodji, le chef d’Etat-major d’alors, le général Sèmègan qui, dit-il, ont monté la pièce de théâtre qu’on lui a demandé de jouer sous la menace et contre une promesse d’argent et sa libération. Le sieur Donatien Amoussou, présumé complice de Alofa, accuse de son côté, Lani Davo, alors ministre de Boni Yayi, le directeur des services de renseignements à la présidence de la République, le commandant Enock Laourou ainsi que le général Théophile N’Dah. La déclaration de Davo à la barre le jeudi 12 novembre est illustrative de l’implication du Chef de l’Etat : « un jour, courant avril 2014 alors que je me rendais à Porto-Novo, se rappelle-t-il, j’ai reçu un appel d’un agent de la garde rapprochée du Président de la République qui était en mission avec lui à Parakou. Cet agent m’a demandé, soutenant que c’est de la part du Chef de l’Etat, d’aller remettre 200.000 FCFA à un prisonnier du nom d’Amoussou qui serait souffrant ». Davo confirme être allé sur les lieux et avoir remis 50.000 F. Par ailleurs, Davo affirme que « l’on a essayé aussi de joindre son ancien collègue Houaga pour la même cause mais en vain. » (cf. le journal "La Nation" n° 6365 du vendredi 13 novembre 2015).
Questions : Depuis quand et pourquoi un élément de la garde rapprochée du Président de la République se soucie d’un prisonnier présumé complice d’assassinat de Dagnivo et alerte, au nom du Chef de l’Etat, deux anciens ministres, Davo et Houaga pour lui porter secours en prison ? Pourquoi Davo s’est-il exécuté s’il doutait un instant que la demande ne provenait pas du Chef de l’Etat lui-même ? Où est-ce-que des responsables des services de la garde présidentielle ont trouvé le téléphone portable et les effets personnels de Dangnivo qu’ils ont avoué à la barre avoir remis à la brigade de recherche ? La réponse à ces questions saute aux yeux : le pouvoir de Boni Yayi est un pouvoir d’assassins qui a commandité, organisé, couvert l’enlèvement, la disparition (et probablement le meurtre) de Dangnivo. C’est d’ailleurs ce qu’atteste le fait que, le reste serait effectivement du théâtre cyniquement monté.
Le début du procès de l’affaire Dangnivo montre ainsi qu’à la tête de notre pays, règne un gouvernement d’assassins. Notre pays est gouverné par des assassins prouvés. Le Waxala est encore là. Un jour de plus d’un tel pouvoir à la tête du pays est un jour de trop. Tel est le défi à relever. Denis
II- TALON, AJAVON, SONT-ILS POLITIQUEMENT DIFFERENTS DES YAYI, AMOUSSOU, HOUNGBEDJI ?
Dans leurs campagnes de suscitations et de soutien de la candidature des hommes d’affaires Talon et Ajavon aux prochaines élections présidentielles, les zélateurs les présentent comme des gens, qui après avoir financé les hommes politiques, en sont déçus et veulent eux-mêmes prendre directement en mains les rênes du pouvoir. Ils sont ainsi présentés comme politiquement différents de ceux qu’ils finançaient auparavant jusqu’aux dernières élections législatives. Ils sont alors les nouveaux prototypes de "ces oiseaux rares" qui pourraient venir sauver le pays tombé dans le Waxala.
Mais ces hommes d’affaires sont-ils de nature politiquement différents de ceux qu’ils finançaient auparavant, les Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Valentin Houdé ou Robert Gbian ? D’abord, le fait de financer ces hommes politiques indique que Talon et Ajavon ne sont pas opposés à leur ligne politique et ont des intérêts à défendre avec eux. Cette ligne politique consiste en la défense et le soutien de la domination étrangère sur les plans économique et politique sur notre pays.
En effet, l’impérialisme français, après avoir colonisé notre pays, a imposé le pacte colonial dont la base consiste à faire et maintenir notre pays comme fournisseur de matières premières à la métropole et importateur et consommateur de produits finis. L’industrialisation est bloquée, entravée, découragée. A cet effet, le colonisateur a formé une classe sociale d’hommes chargés de la défense de ce pacte. Cette classe, la haute-bourgeoisie, est composée de trois ailes : l’aile des bureaucrates qui gèrent l’administration, l’aile des hauts officiers militaires qui administrent l’armée, la gendarmerie et la police et enfin l’aile des compradores, ces hommes d’affaires qui se chargent essentiellement du commerce import-export. L’aile militaire se charge du maintien de l’ordre établi, de réprimer les protestations contre la politique de rapine menée par les bureaucrates.
L’aile compradore exécute, à côté des capitalistes étrangers, le maintien de la domination économique étrangère sur le pays. Dans le cas d’espèce, Ajavon a fait fortune dans l’importation de produits (volaille, poisson, l’huile) dont la production intérieure en quantité est parfaitement possible. On importe du poisson pendant que le pays abonde de cours d’eaux, que la pisciculture est possible. On importe des œufs pendant que l’élevage n’est pas encouragé. Si cela ne se fait pas, c’est à cause d’une politique d’Etat dont profitent les compradores et contre laquelle ils ne s’insurgent pas. Quant à Talon, il s’est enrichi par une politique d’Etat qui contraint le cultivateur du coton à vendre sa production nécessairement à une structure décidée par l’Etat et au prix décidée par cette structure. Ce coton n’est pas transformé sur place et est à 98% exporté. Il est arrivé que les quelques rares usines de transformation manquent de matières premières pendant que Talon exportait tout. On a vu des ouvriers de CBT manifester dans les rues de Cotonou pour réclamer la fourniture de coton à leur usine de Lokossa pendant que tout le coton était exporté. En gros, la priorité n’est pas donnée à la production nationale, mais à la mise du pays au service de la production étrangère. Les compradores en tirent profit et fortune et c’est de bien entendu qu’ils financent généreusement les hauts-bourgeois bureaucrates défenseurs de cette politique.
Il y a une organisation naturelle du travail au sein de la haute bourgeoisie : les administrateurs tiennent les rouages de l’Etat, les militaires font le service d’ordre, les compradores nationaux ou étrangers font l’exploitation économique en toute impunité.
L’impérialisme français sait bien que cette aile compradore le sert et l’aile compradore sait aussi qu’elle dépend de l’impérialisme français. La visite de tous les candidats à Paris, pour s’en remettre, selon la presse nationale, à l’arbitrage du maître français pour les candidatures aux prochaines élections présidentielles en est une illustration.
Mais tout le monde sait que les compradores n’ont jamais été éloignés des hommes politiques. Du reste, les deux protagonistes actuels, Ajavon et Talon se félicitent et se créditent de leur soutien à la classe politique. Si aujourd’hui, Talon est opposé à Boni Yayi, il sollicite ardemment le soutien des Bruno Amoussou, Léhady Soglo et autre Houdé qui ont contribué depuis 25 ans à conduire le pays dans le Waxala. Ajavon est dans le même scénario et les rumeurs le disent proche de Yayi. C’est dire que face à la catastrophe, les compradores ne constituent nullement une bouée de sauvetage. La campagne autour d’eux ressemble à celle autour des administrateurs financiers, les hommes de la BCEAO, de la BOAD, les Yayi, Koupaki et consorts qui ont scandaleusement pillé le pays et l’ont précipité dans le gouffre. Les compradores Talon et Ajavon, s’ils parvenaient à prendre les rênes du pouvoir, mettront l’Etat au service de leurs intérêts privés personnels. Avec en plus la répression renforcée des travailleurs et des libertés comme cela s’est fait avec le retrait du droit de grève aux douaniers lors du conflit de l’attribution du PVI à Talon.
La solution face à la catastrophe actuelle, ce n’est pas seulement un homme. C’est d’abord le peuple lui-même qui doit se lever, pour mettre fin au processus électoral vicié (fait de distribution d’argent et de fraude en cours) et se réunir en Etats généraux afin de définir les nouvelles règles de gouvernance du pays. C’est la solution que préconise le Front de Refus du Bénin-Waxala dont le Parti Communiste est membre et artisan actif. Et on sait que le Parti Communiste a prouvé que ses vues sont les seules conséquentes, salvatrices et honorables pour le peuple.
Rémy