Le Crépuscule  

du matin N° 6311 novembre 2015  Prix : 50 francs

Organe de liaison du Parti Communiste du Bénin

Directeur de Publication :  Philippe NOUDJENOUME   --     Rédacteur en Chef : Jean Kokou ZOUNON

 

Editorial : La révolution ou le replâtrage 

 

Tout le monde convient que le pays est à terre, que le Renouveau a fait faillite, que « Alédjo (la Conférence nationale) est mort ». Le marché de dupes a déployé tous ces effets néfastes, tout ravagé et plongé le pays dans le Waxala. Ce constat s’impose aux acteurs même de cette Conférence. Jusqu’à un Albert Tévoédjrè, rapporteur général de ladite assise de 1990, qui appelle aujourd’hui à un gouvernement de salut public, donnant raison au Front de Refus du Bénin-Waxala. Mais en même temps, les auteurs et bénéficiaires du système multiplient les concertations avec leur maitre impérialiste français pour tenter encore et toujours un replâtrage, des réformes de duperie afin de perpétuer le pacte colonial, le système d’impunité. Les aspirants gouverneurs français à peau noire sont à Paris à cet effet. Mais les aspirations du peuple sont à une solution salutaire, au balayage de ce système et la sanction de ses auteurs. Il faut arrêter la mascarade électorale pour un Gouvernement de salut public.

                                                                                                                                                        La Rédaction

I-                  QUAND TEVOEDJRE DONNE RAISON AU FRONT DE REFUS DU BENIN-WAXALA

            Le dimanche 8 novembre 2015 sur Radio Soleil, Albert TEVOEDJRE déclare : « Pour gouverner le Bénin dès 2016, il faut un gouvernement de  salut public ».

            Ce qu’enseigne l’histoire, c’est qu’un gouvernement de salut public est un gouvernement de fait, qui surgit après une grave crise politique, (coup d’état, révolution, soulèvement ou insurrection populaire) et qui met entre parenthèse la Constitution et toutes les institutions qui en dépendent. Il a pour rôle essentiel de résoudre le problème principal à la base de la crise du systèmeet pose les fondements d’une nouvelle Constitution qu’il suit jusqu’à son adoption.

Dans le cas d’espèce, le problème essentiel qui a conduit à la faillite du système du Renouveau démocratique, c’est l’impunité dont l’origine remonte au « Consensus » adopté à la Conférence nationale et l’immunité personnelle accordée par la suite à Mathieu Kérékou. Sous cette couverture, depuis lors tous les crimes de brigandage (politiques et économiques) sont permis. Le système électoral lui-même est perverti par la distribution massive d’argent et la fraude organisée même par les institutions chargées  du contrôle de leur régularité. Dès lors, aucun Président, aucun Député, aucun Conseiller local n’est élu sans fraude et sans corruption.

            On se souvient que monsieur Albert TEVOEDJRE a été le Rapporteur Général de la Conférence nationale et qu’il a terminé son rapport par la phrase célèbre : « Nous avons vaincu la fatalité ». En préconisant  aujourd’hui un gouvernement de salut public après 25 ans de pratique du renouveau dit démocratique, il reconnait que la Fatalité loin d’être vaincue, demeure, que  l’échec  du système  est patent et que la nécessité s’impose de le remplacer.

             Mais monsieur TEVOEDJRE se mélange les pédales (à dessein !) en préconisant que le prochain président élu dans le cadre de ce système, pourrait former ce gouvernement de Salut Public. C’est impossible.

            Un président de la République, élu sur la base de la Constitution actuelle, dans les circonstances où on voit déjà, avec les « suscitations » de candidatures, le rôle que joue l’argent, est incapable de mettre sur pied un gouvernement de salut public. Il pourra encore nous gargariser de mots en parlant de « gouvernement d’union nationale » avec les gens qui l’auront soutenu, et ce gouvernement ressemblera à tous les gouvernements formés jusque-là à l’issue des élections présidentielles de premier mandat depuis 1991.

            Pouvait-on s’attendre que monsieur TEVOEDJRE indique les voies idoines pour arriver au gouvernement de salut public ? Non. Monsieur TEVOEDJRE, c’est l’un des piliers du renouveau dit démocratique. Après avoir échoué à se faire désigné premier ministre à la Conférence Nationale, monsieur TEVOEDJRE est devenu le pilier des gouvernements qui se sont succédés depuis lors à part celui de SOGLO. Il fait partie de ceux qui nous ont ramené KEREKOU en 1996 et mis en scelle YAYI BONI au cri de « YANAYI » (La misère va finir).  Il a été  bénéficiaire de l’une de ces institutions budgétivores et inutiles que nous a inventés le renouveau démocratique et que le gouvernement de salut public se chargera de supprimer.

            Oui, il faut un Gouvernement de Salut Public ; sa nécessite s’impose comme donnée objective ; c’est ce que subodore en vieux routier de la politique béninoise, Monsieur TEVOEDJRE.

            Voilà pourquoi nous disons : « Encore un effort monsieur TEVOEJRE et vous allez rejoindre la position du Front de Refus du Bénin-WAXALA qui considère que rien de bon ne sortira des prochaines élections présidentielles et qu’il faut que notre peuple s’asseye lors des Etats Généraux pour redéfinir les bases d’un nouveau vivre ensemble  qui rompe avec  toutes les dérives actuelles du Renouveau dit Démocratique.

                                                                                                                                                                      Sayi

II- IL EST TEMPS D’EN FINIR AVEC L’ERE DES GOUVERNEURS  FRANÇAIS NOIRS AU BENIN

Selon les informations relayées par les organes d’information, les candidats à la prochaine élection présidentielle à savoir Patrice Talon, Sébastien Ajavon, Pascal Koupaki, Lionel Zinsou coiffés du président YAYI Boni et Komi Koutché se seraient  rendus tous à Paris - le lundi 09 Novembre - où ils y seraient en ce moment.

La presse des réseaux sociaux titre à ce propos «YAYI rassemble les favoris à la présidentielle de 2016.  Le président de la République serait dans la capitale française depuis hier accompagné de son Ministre des finances  Komi KOUTCHE et du premier Ministre Lionel Zinsou officiellement pour visite de travail avec le président français. Curieusement dans la même foulée par le même vol d’Air France on pouvait retrouver MM. Patrice Talon, Sébastien Ajavon, Pascal I. Koupaki qui se sont aussi rendus à Paris. Selon les indiscrétions, il s’agira d’une rencontre de haut niveau qu’a souhaité le président béninois en présence de François Hollande ». Et les commentaires sur la FrançAfrique vont bon train. En effet la présence de tous ces grands candidats en même temps et dans le même avion pour la métropole française, pour insolite qu’elle est, ne peut signifier autre chose que ceci « L’on veut nous choisir notre Président à Paris ». Autrement dit l’élection présidentielle béninoise de 2016 sera bouclée avec ce voyage. « Habemus papam ! » La fumée blanche sortira des cheminées de l’Elysée. Après cela, les réseaux divers aux mains de la puissance coloniale se mettront en branle dans la presse, la distribution d’argent, la fraude jusqu’à la Lépi, la CENA et la Cour constitutionnelle pour des élections truquées qui valideront son choix. L’OIF est déjà disponible pour de nouvelles cartes électorales ! Les observateurs payés valideront la mascarade électorale et déclareront, comme convenu, que les dysfonctionnements ne sont pas de nature à entacher les résultats. « Pouah ! Quelle honte pour notre pays ! Dire qu’il s’agit de la patrie des Béhanzin, Bio Guera, Kaba ! De quoi les faire retourner dans leur tombe.

Malheureusement, voilà la triste réalité : depuis 1960, nos Présidents ont toujours été « élus » en France, loin du peuple béninois et cela à quelques exceptions près : Zinsou Emile en 1968, Ahomadégbé en 1970 et Nicéphore Soglo en 1990 à la Conférence nationale. Et tous ont été renversés par des éléments de la FrançAfrique : Kouandeté pour ce qui est de Zinsou (taxé à l’époque de pro-américain pour avoir nationalisé l’ODAMAP (actuel OBAMAP),  Kérékou contre Ahomadégbé (1972), le même Kérékou contre Nicéphore Soglo en 1996. L’histoire se déroule et nous donne des constantes : il apparaît que le colonisateur français n’a jamais pardonné aux peuples leur héroïque résistance anti-française. Et cela s’est noté en particulier à l’encontre du territoire d’Agbomè. Ainsi les impérialistes français n’ont jamais voulu d’un Président de la République originaire d’Agbomè ; tout comme depuis 1894, aucun investissement d’envergure de provenance française n’a été fait en faveur d’Agbomè. Est-ce un hasard ? Regardez l’état de cette cité historique.

La présence de toutes ces personnalités dans la capitale française signifie une seule chose : «Paris veut nous imposer un président » ; ce  que le Chanteur Anice Pépé a su bien chanter « Mi gbè kpodo Yovo si » (Nous sommes toujours esclaves des Impérialistes). Conséquence : le malheur de notre peuple, c’est encore une fois la FrançAfrique avec le pacte colonial. On a des gouverneurs français à peau noire. Autrement dit la FrançAfrique dicte toujours sa loi. C’est dire d’ores et déjà que rien de bon ne sortira de l’élection présidentielle de 2016.

Notre peuple est considéré comme « bon à rien » à qui on impose n’importe quoi jusques-y compris un nouveau Dodds débarqué de Paris pour diriger notre chère patrie. Que ne verrions-nous sur la terre des Béhanzin, Bio Guerra, Kaba etc. C’est à faire pitié ces défilés de pantins « gouverneurs » à peau noire ou métissée, tous bi-nationaux, pour se voir désignés par un autre pays en dehors de leur peuple et qui auront l’impudence de s’adresser à ce peuple béninois en terme de « mon peuple ».

Honte au défilé de mode de « candidats Gouverneurs français à peau noire ». La patrie des Béhanzin, Bio Guera, Kaba ne mérite plus cela.

Agbozo

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