Formalisation de la candidature du premier ministre: Lionel Zinsou, le porte étendard de la Françafrique
A travers une émission spéciale portant sur le thème évocateur : « paix et unité : la plus-value en période électorale », le premier Ministre, Lionel Zinsou a annoncé sa candidature. Son air indépendantiste, laisse entrevoir que le président Yayi Boni a, enfin, cédé à la pression de la françafrique, ce réseau de fabricants de chefs d’Etat africains.


Le nom du candidat de Yayi Boni à la présidentielle de 2016 n’est plus un mystère. Il s’agit du premier ministre, un homme de réseaux dans le monde des affaires de la métropole française. Il était l’invité de Christian Gnacadja, de la télévision nationale. Le premier ministre n’y était pas pour faire un bilan de sa participation au gouvernement depuis juin 2015. Pendant que ses collègues organisent des dîners, des déjeuners dédiés aux 100 jours d’activités, le premier ministre a plutôt animé un débat purement politique sur fond d’élection présidentielle de 2016. Sous le thème : « paix et unité : la plus-value en période électorale », Lionel Zinsou a conditionné sa candidature au consensus indispensable à réaliser au sein de la mouvance au pouvoir. Il s’agit ni plus ni moins d’une stratégie de communication qui ne voudrait pas qu’à la première sortie médiatique, qu’il s’affiche d’emblée comme étant un candidat. Lionel Zinsou l’est pour Yayi Boni à défaut d’être le candidat de l’ensemble des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Il est indubitablement imposé par le jeu de la Françafrique. Car, en tant qu’homme de réseaux du monde des affaires en France, il appartient à la Grande loge nationale française (Glnf). François-Xavier Verschave, écrit dans « Au mépris des peuples : le néocolonialisme franco-africain » que « l’appartenance à la Glnf ou à une de ses filiales exotiques devient une condition sine qua non de l’exercice du pouvoir en Françafrique. C’est si caricatural qu’on a expliqué au général Bozizé, après son coup d’Etat réussi en Centrafrique, qu’il n’avait aucune chance de rester président s’il n’adhérait pas au groupe Glnf. » Philippe Hauser, dans le même ouvrage, en déduit que l’histoire de la françafrique est une histoire sinueuse, qui fait et défait les alliances au gré des circonstances et surtout des intérêts. » Philippe Hauser en conclut qu’il faut une sorte d’étude microphysique de ce système pour cerner des niveaux de responsabilité, dans les services secrets, les grandes entreprises, les multinationales, les marchands d’armes, mais aussi, évidemment chez les responsables politiques au plus haut niveau de l’Etat. Avec l’ingéniosité de Jacques Foccart, « on a installé dans les Etats africains des gouvernements à la peau noire ; un certain nombre d’entre eux ont la nationalité française, certains sont bonnement issus des services secrets français, comme Omar Bongo »
Les manifestations de la Françafrique
Le président Nicéphore Soglo, surnommé hercule, en raison de sa fougue au travail, de sa rigueur dans la gestion administrative et financière n’a pu exercer deux mandats à la tête de l’Etat béninois. Une étude attentive du comportement des présidents africains, au lendemain de leur élection, renseigne que toute attitude libérale vis-à-vis de la France, est perçue comme outrage à la métropole des Gaulois. Désigné unanimement premier ministre à la Conférence des forces vives de la nation de février 1990, Nicéphore Dieudonné Soglo tirait sa légitimité des délégués qui représentaient les composantes du peuple. Au cours de la transition, l’homme a consolidé sa réputation à travers des actions concrètes qui lui ont permis, en 1991, d’accéder à la magistrature suprême. Son premier voyage hors du continent africain fut Washington aux Etats-Unis d’Amérique. Du coup, Nicéphore Soglo fut taxé de président des Usa au détriment de la France. Pendant toute la mandature, les relations en tant que chef d’Etat, avec la France n’étaient pas des meilleures. A la réalité, Nicéphore Soglo a été victime des affres de la françafrique à laquelle il n’a pas voulu adhérer, en exprimant une indépendance du Bénin à la France à travers ses actes. Le général François Bozizé en sait aussi beaucoup. Alors, comment peut-on se développer si on ne peut pas conduire soi-même, sa réflexion, ses ambitions ? L’indépendance octroyée à certains pays africains comme le Dahomey d’hier ou Bénin d’aujourd’hui, comportait des pièges. En effet, il y a eu à la fois une tromperie et une escroquerie dans le processus de la décolonisation ; alors que le général Charles de Gaulle organisait avec son homme de main, Jacques Foccart, la prolongation néocoloniale. Il s’agit du scandale d’aliénation par l’Occident du continent noir. C’est cela qui est appelé la françafrique. Ce système entretient la misère des peuples et se fout éperdument de l’iniquité. « La françafrique corrompt ou pervertit presque toutes les avancées attendues de l’aide au développement », fait savoir Verschave. Le président Yayi Boni a aussi été un enfant de chœur de ce réseau de mafieux. C’est après avoir pris contact avec la françafrique qu’il a qualifié de chiffon-de-papiers le protocole portant partenariat politique le liant aux forces politiques qui l’ont soutenu au second tour de la présidentielle de 2006. Voilà pourquoi Verschave poursuit en disant que « les principaux acteurs de la françafrique savent que ce qu’ils font est illégal. Il est impossible d’imaginer que les décideurs ignorent la face sordide de ces mécanismes criminels. » Lionel Zinsou, répond tout simplement au profil de candidat de la françafrique.
Jean-Claude Kouagou
Le Matinal du 3 novembre 2015

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