Nouvelle Conférence Nationale.

Une nécessité pour le Bénin aujourd’hui

   La gouvernance funeste du régime de dictature autocratique de Patrice Talon a plongé le Bénin dans une crise profonde. Le pays est dans l’impasse. Toutes possibilités d’élections libres, démocratiques, inclusives et crédibles pour une sortie de crise étant impossibles sous le pouvoir de Talon, il ne reste au peuple qu’à s’organiser pour mettre fin à ce régime et le système qui le sous-tend. 

L’idée d’une nouvelle conférence nationale pour définir de nouvelles règles du vivre ensemble s’est progressivement imposée et est devenue incontournable.


   Cette nécessité, nous la devons aux pionniers, ces promoteurs initiaux qui, de manière déterminée, ont formulé et porté cette exigence, cherchant à mobiliser le peuple autour de cette cause. Tout le monde sait que ce sont les forces de gauche (PCB, Parti Communiste du Bénin, CPFG, Convention Patriotique de Forces de Gauche) rejointes ensuite par d’autres organisations de la démocratie révolutionnaire dont l’APP, l’Alliance Pour la Patrie, qui ont fait ce travail depuis 2015. Il faut le dire et surtout le reconnaître. Aujourd’hui, cette exigence est devenue tellement populaire qu’elle touche toutes les couches de la société. On peut s’en féliciter. 

   Cependant, il y a un point qui me gêne dans le comportement de certains des derniers ralliés à cette cause. En effet, des intellectuels et des responsables politiques, qui s’étaient opposés à cette idée et qui ont soutenu ou accompagné l’autocratie dans ses crimes, tentent aujourd’hui de se faire passer pour les véritables promoteurs de cette revendication. Une telle attitude manque d’élégance et laisse une impression désagréable d’une tentative de récupération. Lorsque l’on rejoint une lutte en cours, il est important de faire preuve de modestie et d’honnêteté intellectuelle envers ceux qui ont initié cette démarche.
Chers compatriotes, vous êtes les bienvenus dans ce combat. Toutefois, une dose de modestie et d’honnêteté intellectuelle vous rendrait plus crédibles et vous honorerait.
Aujourd’hui, la grande majorité des Béninois exige la tenue de cette conférence nationale, mais une question persiste : Pour quoi faire ?

Deux camps se dessinent

Deux camps se distinguent actuellement.

   Pour certains, il s’agit de revenir à la conférence nationale de 1990, qui a eu lieu après la chute du premier régime autocratique, celui de Kérékou et du PRPB en 1989. Les partisans de cette position rêvent de revenir aux mêmes conclusions que celles de la conférence de 1990. Il est pour le moins curieux de vouloir reconduire les mêmes solutions, quand on sait que le régime issu de cette conférence (le Renouveau Démocratique) a engendré une nouvelle autocratie. Celle de Patrice Talon.

Le second camp, celui de la Démocratie révolutionnaire, estime qu’il est essentiel de s’interroger sur ce qui n’a pas fonctionné. Il convient de commencer par faire un bilan critique de ce passé, afin d’éviter de répéter les mêmes erreurs.
En effet, la principale insuffisance de la conférence de 1990 a été de focaliser l’attention sur un individu, Kérékou, qui incarnait l’autocratie, sans s'attaquer au système qui le porte et veille à sa pérennisation. C’est ce système qui, après trente ans de Renouveau Démocratique, a donné naissance à un nouveau régime de dictature autocratique incarné par Patrice Talon.

Une véritable rupture est appelée

   Revenir aux mêmes solutions serait une erreur. Quel Béninois, véritablement opposant au pouvoir de Talon, pourrait aujourd’hui revendiquer une amnistie pour Patrice Talon, au regard des crimes qu’il a commis contre notre peuple et notre pays? 

Je n’en connais pas.

   Or, revenir aux solutions de 1990, c’est ce que cela veut fondamentalement dire : amnistie à tous les bourreaux et fossoyeurs du pays depuis 2016 et à leur chef, Patrice Talon.
C'est pourquoi il est crucial de comprendre que la nouvelle conférence nationale ne doit pas se limiter à une simple recomposition des anciens acteurs, mais doit réunir, avant tout et surtout, ceux qui ont toujours réellement lutté et continuent de lutter pour un véritable et profond changement.

   Un véritable changement implique de s'attaquer au système en place en même temps que l’agent de service, gardien des intérêts du maître impérialiste. Ce système a été instauré par le colon depuis la période de la colonisation et repose sur trois piliers :

1. La force militaire : Les troupes militaires, imposées par la colonisation, servent à maintenir la domination par la contrainte.

2. La langue française : Elle permet à la France coloniale de formater l’esprit des élites pour en faire des dirigeants sous son influence, de fidèles et zélés serviteurs de ses intérêts.

3. La monnaie coloniale, le franc CFA : pour contrôler et empêcher tout véritable développement économique de nos pays.

   La nécessaire liaison entre le départ de Talon et celui des troupes étrangères

   Il est urgent de réaliser qu’aussi longtemps qu’on ne s’attaquera pas à ce système en le privant avant tout de son bras armé que constituent les troupes militaires, la France coloniale continuera de faire la pluie et le beau temps sur le continent africain au gré de ses intérêts. A défaut de pouvoir maintenir son serviteur actuel, Patrice Talon, elle pourvoira à son remplacement en puisant dans son réservoir d’agents locaux, impatients de prendre sa place.
Peut-on raisonnablement souhaiter ou se contenter du remplacement de Talon par un autre élément de son clan ou même le recyclage des vieux chevaux qui ont fait leur preuve par la négative depuis la conférence nationale de 1990 ? Ma réponse est NON.

Pour une conférence nationale véritablement souveraine


   La lutte pour la fin de l’autocratie dans notre pays doit passer par la fin de l’occupation militaire étrangère, et en particulier, par le départ des troupes françaises. Il est crucial que la conférence nationale soit souveraine, sans l’ingérence de forces extérieures. Le départ des troupes françaises et de Patrice Talon est une condition sine qua non pour que le peuple béninois puisse recouvrer sa dignité, sa souveraineté et pour permettre l’avènement d’un pouvoir véritablement démocratique et patriotique. /

 

 Kodjo Honoré LOKOSSA KPLOHUNGBE

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